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Choix d’ordinateurs et de systèmes : libre ou pas ?
Récemment je suis tombé sur UEFI [1] et sur GPT [2], et cela m’a fait un drôle d’effet. Comme cela risque aussi de vous arriver, nolens volens, voici comment j’ai failli m’y perdre, et comment Cubuntu d’Éric Kranich m’en a sauvé, cela peut vous être utile.
Il y a peu mon épouse s’est équipée d’un nouvel ordinateur. Elle était parfaitement contente de son Macintosh Mini, mais hélas c’était un modèle à processeur PowerPC pour lequel Apple et les éditeurs de logiciels tiers ne fournissent plus aucune mise à jour, ce qui en rendait chaque jour l’usage plus malcommode et moins sûr (inconvénient notable des systèmes fermés : on est à la merci de leurs fournisseurs).
Le nouvel ordinateur était fourni avec Windows 8, ce qui comportait par rapport à OS X un saut cognitif tel que tant qu’à faire, autant passer à Linux. Du moins c’est ce dont j’ai réussi à convaincre ma douce moitié, malgré une expérience ancienne et malheureuse avec Knoppix. J’ai donc installé Kubuntu (Ubuntu muni de l’interface graphique KDE) sur cet ordinateur, mais sur le petit portable qu’elle utilise en voyage (et qui était sous Windows XP, périmé), pour une raison non identifiée, KDE ne s’adapte pas correctement à la taille de l’écran et j’ai dû y installer l’interface XFCE. Bref, la situation n’était pas excellente et ma chère compagne passait régulièrement avec convoitise sur le stand Apple de la Fnac (en face de sa maison de Poitiers) et n’était dissuadée d’y céder à la tentation que par les prix excessifs.
Le matériel et le micro-logiciel changent
Lors de l’installation de Kubuntu sur le nouvel ordinateur j’avais constaté que l’ancienne configuration matérielle avec le micro-logiciel d’amorçage BIOS sur la carte mère et au plus quatre partitions physiques sur le disque dur avait cédé la place à quelque-chose de plus moderne : système d’amorçage Unified Extensible Firmware Interface (UEFI, « Interface micro-logicielle extensible unifiée ») et système de partitionnement GUID Partition Table (Globally Unique IDentifier Partition Table), capable de gérer un disque de capacité 9.4 ZB (9.4 × 1021 octets) ou 8 ZiB (9 444 732 965 739 290 427 392 octets). Ces nouvelles caractéristiques avaient bien l’allure du progrès, le vieux système de BIOS et de table de partitions était vraiment archaïque.
Venait en sus un autre dispositif : Secure Boot, destiné à empêcher le démarrage sur cet ordinateur d’un système non signé par une autorité d’accréditation, en l’occurrence Microsoft. Là les choses commençaient à paraître moins séduisantes. Cette élévation de Microsoft au rang d’autorité universelle chargée de délivrer ou de refuser le droit de fonctionnement à tout système d’exploitation est un privilège exorbitant. Inutile de dire que la communauté du logiciel libre n’a pas apprécié. Dans sa grande bonté et mansuétude, Microsoft a accepté de vendre des certificats aux éditeurs des principales distributions Linux pour la modique somme de US $99, somme symbolique, mais justement c’est un symbole lourd de conséquences, puisqu’il institue la suzeraineté de Microsoft sur ceux qui accepteront d’être ses vassaux. À ce jour Ubuntu, RedHat et Fedora ont accepté de passer sous les fourches caudines, mais pas Debian. Bon, le micrologiciel procure en général un Compatibility Support Module (CSM) qui permet de s’affranchir de cette contrainte, mais, si j’ai bien compris, en perdant les avantages novateurs d’UEFI et de GPT.
En tout cas, lors de la dernière mise à jour du système (Kubuntu 14.10) cela s’est mal passé. Le système accepte de s’installer, mais chez moi (vieux BIOS) perte du clavier et de la souris, à Poitiers (UEFI + GPT) impossible de redémarrer le système.
Le salut par Cubuntu et boot-repair
Entre temps, ma chère moitié était revenue à de meilleurs sentiments pour les logiciels libres parce que son portable sous Ubuntu + XFCE avait fait forte impression sur ses petits camarades d’un groupe politique dont je préfère passer sous silence l’orientation précise. Et ma recherche nocturne et frénétique d’un moyen de redémarrer la machine fixe m’avait mis sur la piste de deux outils salvateurs : boot-repair et Cubuntu, que j’ai installés sur une clé USB.
boot-repair a fort bien réparé ma panne de démarrage. Bon, Windows 8 n’est plus accessible, mais nous nous en passerons. N’empêche, j’aimerais bien le récupérer, parce qu’il est indispensable pour les livres électroniques protégés par l’immonde et répugnant système de DRM Adobe Digital Editions, qui en sus d’être une restriction inadmissible de jouissance de biens régulièrement achetés, n’est pas disponible pour Linux, et, cerise sur le MacDo, ne fonctionne pas correctement.
Cubuntu est une version d’Ubuntu modifiée par Éric Kranich, et qui, au lieu de KDE en perte de vitesse ou de Gnome devenu de plus en plus atroce au fil des versions, utilise l’interface graphique Cinnamon de Clément Lefèbvre. Puisqu’il y a en France des développeurs qui font des choses bien, autant en profiter. Voilà, tous les ordinateurs de la famille sont sous Cubuntu, et même mon épouse en est contente. Ouf ! Mais si une bonne âme savait comment retrouver l’accès à Windows 8, ce serait avec reconnaissance.