Sami, un garçon de 12 ans naïf et dégourdi, vit à Qalandiya, un camp de réfugiés palestiniens situé entre Ramallah et Jérusalem, à 11 kilomètres au nord de Jérusalem. Son oncle Kamel lui a offert un pigeon voyageur, qui a disparu. Sami ne peut s’y résoudre, un voisin lui dit que l’oiseau est probablement retourné à son précédent domicile. Sami convainc alors un de ses camarades de l’accompagner à Bethléem, où habite Kamel, pour récupérer le volatile. Le camarade, puni par son père d’assignation dans sa chambre pour une bêtise quelconque, accepte, mais finalement renonce de peur de punition encore plus sévère, et Sami monte dans un taxi collectif pour Bethléem, au sud de Jérusalem, avec la cage du pigeon et quelques nourritures aviaires.
Le voyage pour Bethléem s’avère plus compliqué que prévu : l’armée israélienne a installé un barrage sur la route principale et interdit tout passage. Qu’à cela ne tienne, le chauffeur du taxi connaît des chemins de terre à travers les collines, on arrive chez Kamel, non sans avoir visité le somptueux souk ancien de Bethléem. Kamel a une petite entreprise qui fabrique des objets pieux pour les touristes chrétiens en visite à Bethléem : crucifix, statuettes de la Vierge et des Apôtres...
En fait, le pigeon ne venait pas vraiment de chez Kamel, mais de chez son client arménien. Alors Kamel et Sami partent chez le client dans le vieux van Volkswagen de Kamel, où s’est installée d’autorité Mariam, la fille adolescente de Kamel, une jeune fille très déterminée qui prépare un diplôme de journaliste et veut profiter du voyage pour faire un reportage, projet pour son école. D’ailleurs Mariam leur fausse compagnie dès qu’ils sont dans le souk, pour faire ses petits achats, perche à selfies, chapeau de soleil... Mais tout le monde se retrouve chez l’Arménien, et là ils apprennent que le pigeon était natif de chez une vielle dame à Haïfa... Départ pour Haïfa, encore quelques checkpoints de l’armée israélienne assortis de longues filles d’attente et de fouilles humiliantes, arrêt dans une station service où Sami oublie la cage du pigeon.
La maison de la vieille dame est maintenant habitée par des Juifs russes, qui laissent Sami, Kamel et Mariam monter sur le toit où nichent des centaines de pigeons, parmi lesquels il s’avère impossible de trouver le bon. Retour vers Qalandiya dans la nuit, en repassant près de la station service la route est barrée par l’armée qui est occupée à faire exploser un objet suspect : la cage du pigeon. Sami veut aller expliquer aux soldats que ce n’est pas un objet suspect, Kamel réussit à l’arrêter.
En arrivant à Qalandiya chez la mère de Sami, certains aspects mystérieux des péripéties précédentes s’éclairent : le père de Sami purge une peine de douze ans de prison dans une prison israélienne. Et si la mère de Sami ne veut plus voir son frère Kamel c’est parce qu’une négligence de celui-ci aurait provoqué l’arrestation de son mari, négligence peut-être en réalité imputable à Mariam...
À travers une multitude de petites péripéties en apparence sans grande importance, ce film expose sans s’appesantir la réalité d’une société coloniale : tout le monde vit dans la peur, colonisés comme colonisateurs. Les Palestiniens, même s’ils ont des laissez-passer, risquent à tout moment d’être arrêtés, empêchés d’aller où bon leur semble... Un film à voir pour mieux comprendre la soi-disant autonomie de la Cisjordanie.