No Other Land
Le film palestinien de Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor No Other Land (cf. mon compte-rendu ici, en Cisjordanie (territoires occupés), aux mesures d’expulsion menées par l’armée israélienne : destruction de maisons par des bulldozers, arrachage de plantations, abattage de bétail.
Le film a obtenu l’Oscar 2025 du meilleur film documentaire, des prix à Berlin, Copenhague, Vancouver, le Prix cinéma des étudiants France Culture 2025. Il a été l’objet d’appels à la censure en Israël, en Allemagne et aux États-Unis.
L’armée israélienne n’a pas tardé à réagir au succès du film (malgré un certain silence de la critique) : la destruction de Masafer Yatta a été menée à son terme, il ne reste plus rien.
Fatima Hassouna
Fatima Hassouna, née en mars 2000, était une photojournaliste indépendante palestinienne, dont le travail documentait la vie des civils pendant la guerre à Gaza. La cinéaste iranienne Sepideh Farsi lui a consacré son film Put Your Soul on Your Hand and Walk. Comme la réalisatrice n’a pas pu pénétrer dans la bande de Gaza, coupée du monde par les autorités israéliennes, le film alterne les interviews de Palestiniens en Égypte et les images captées avec son téléphone par Fatima et envoyées à Sepideh.
Le film est programmé au festival de Cannes 2025. La réponse de l’armée israélienne : Fatima Hassouna et dix membres de sa famille sont assassinés par une frappe israélienne ciblée, le 16 avril 2025.
Ces exactions se passent de commentaires. Aux dizaines de milliers de morts civils tués par l’armée israélienne s’ajoute l’ignominie d’assassinats délibérés de journalistes, de cinéastes, de travailleurs humanitaires qui œuvraient pour faire connaître la vie des habitants, ou pour améliorer leurs conditions de vie.
Il faut des voix juives pour les Palestiniens
Nous, juifs, ne pouvons laisser croire que la clique fasciste de Netanyahou agisse en notre nom, comme voudrait le faire croire la loi israélienne inique du 19 juillet 2018 qui définit l’État d’Israël comme l’État-nation du peuple juif, écarte par là même les Palestiniens (y compris de nationalité israélienne) de leurs droits nationaux, et imprime aux Juifs de par le monde une nationalité dont beaucoup (dont je suis) ne veulent pas. Il nous faut proclamer que ce qui se déroule en ce moment à Gaza est un génocide, et que les événements en Cisjordanie sont des pratiques de terreur coloniale inadmissibles. Les crimes du Hamas le 7 octobre 2023 ne sauraient en aucun cas justifier ces massacres coloniaux, qui avaient d’ailleurs des précédents bien avant le 7 octobre : Gaza avait subi des attaques meurtrières en 2006, 2008, 2012, 2014, sans oublier celles qui précédaient depuis 1956. L’ampleur des massacres rappelle la répression française en Algérie, après le 8 mai 1945, à Sétif, Guelma et Kherrata, avec en plus la volonté d’éliminer complètement la population palestinienne du territoire.
Certaines personnalités juives, Delphine Horvilleur, Joann Sfar, Anne Sinclair, ont récemment pris clairement position pour condamner les opérations meurtrières contre la population civile de Gaza : certains commentateurs ont dit que ces protestations étaient bien tardives, j’aurais tendance à dire que mieux vaut tard que jamais, et qu’il faut leur laisser le bénéfice de la bonne foi, on ne peut passer complètement sous silence le traumatisme réel provoqué le 7 octobre par les crimes du Hamas et des éléments incontrôlés qui ont pénétré en Israël à cette occasion. Et évoquer la faillite morale d’Israël n’est pas rien de leur part.
La tragédie en cours éloigne bien sûr toute perspective de solution pacifique pour de nombreuses années, c’était bien d’ailleurs l’objectif du Hamas, accueilli avec empressement par la clique fasciste de Netanyahou : ces deux mafias n’ont que faire ni des Palestiniens ni des Israéliens, seuls leur importent leurs intérêts mafieux.
Mais on peut quand même espérer qu’un jour vienne la paix, ce qui veut dire que se seront mis autour d’une table des gens raisonnables de l’un et l’autre camp, qui auront les uns et les autres su faire les concessions convenables à l’autre partie. Il ne s’agit pas de dire qu’il y a une symétrie de la situation : il y a bien un colonisé et un colonisateur, le premier a subi des préjudices considérables, le second doit le dédommager, à quel niveau, sous quelle forme, c’est ce qu’ils devront déterminer entre eux, avec si besoin l’aide de pays étrangers. Le président français Emmanuel Macron s’est décidé à parler, bien faiblement mais c’est déjà ça, il pourrait un jour agir, ce serait encore mieux.
Explication juridique complète
Pour en avoir le cœur net sur les aspects juridiques de la question, il faut écouter la plaidoirie magistrale de Madame Monique Chemillier-Gendreau devant la Cour internationale de justice :