Blog de Laurent Bloch
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ISSN 2271-3980
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Un film de Julie Delpy :
Les Barbares
Accueillir des réfugiés, oui, mais lesquels ?
Article mis en ligne le 3 octobre 2024
dernière modification le 5 octobre 2024

par Laurent Bloch

Au début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le Conseil municipal de la ville bretonne de Paimpont, en bordure de la fotêt de Brocéliande, vote une résolution pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Le projet a été porté par l’institutrice du village, Joëlle, dont le rôle est interprété avec vivacité et humour par Julie Delpy, la réalisatrice. Le rôle de son amie Anne est tenu par Sandrine Kiberlain. On hisse des drapeaux ukrainiens, on prépare une réception.

Au bout de quelques semaines, la préfecture envoie un message : comme tout le monde veut accueillir des réfugiés ukrainiens, il n’y en a plus, alors Paimpont va recevoir une famille réfugiée syrienne. Et là l’élan de solidarité retombe quelque peu...

Les Syriens arrivent : le grand-père veuf, Hassan (Fares Helou, acteur syrien), le père, Marwan (Ziad Bakri, acteur palestinien), architecte, son épouse Louna, sa fille Dina, son fils Wael, sa sœur Alma (Dalia Naous). Alma est médecin, son mari a été tué dans le bombardement de leur hôpital par les soudards de Bachar El Assad, elle y a perdu une jambe. Ce sont tous des gens instruits, qui ont parfaitement conscience des réactions qu’ils suscitent dans la population.

Les réactions des habitants de Paimpont à cette arrivée couvrent un spectre assez large, du plombier Hervé (Laurent Lafitte), franchement raciste, à Joëlle l’institutrice, désireuse de mener le projet à bien, en passant par le maire (Jean-Charles Clichet), d’une prudence très politique, et par un vieil anarchiste (Albert Delpy) qui embauchera Louna pour récolter les artichauts.

Les Syriens décident de faire des efforts, ils vont déjeuner à la crêperie du village, mais ils ne trouvent pas les crêpes bonnes (il faut noter que cette opinion défavorable est partagée par tous les habitants du village, depuis la mort du patron et que la pâte à crêpes est confectionnée par sa veuve).

Il y aura une cérémonie de bienvenue, que Hervé, épaulé de quelques identitaires bretons, viendra saboter.

Bref, tout semble mal parti, la famille syrienne se prépare à lever le camp, mais il va y avoir des séances de rattrapage. D’abord, les garçons du collège ne sont pas insensibles au charme de Dina. Hassan apporte à Jacqueline, la patronne de la crêperie, une excellente pâte à crêpes de sa confection qui lui ramènera sa clientèle. Et, climax, lorsque l’épouse d’Hervé, Géraldine, perdra les eaux à l’improviste au bord du lac du village, Alma sauvera la situation en pratiquant d’urgence un accouchement difficile. La petite fille s’appellera Alma.

Ce film n’est pas sans faire penser à celui de Ken Loach, The Old Oak, sur un sujet voisin. Ces deux films sont bien différents, mais partagent la même générosité et le même optimisme : une fois que les gens apprennent à se connaître les préjugés reculent.